La pire session de l’année

English below

Le meilleur comme le pire.

Récit de la pire session de d’année.

Pas de surf depuis plusieurs semaines, 30 visionnages de The Electric Acid Surfboard Test , un report qui brille de milles étoiles, un joli vent d’est qui souffle : je suis chaud.

J’ai du mal à trouver le sommeil, je suis excité. Je me vois déjà envoyer virtuellement mes plus beaux turns sur cette jolie houle bretonne. 

Nous arrivons sur le spot et les vagues sont au rendez-vous. Les locaux aussi.
Le pic a l’air bien peuplé. Qu’importe, je waxe mon retro fish et file à l’eau confiant.

Les premiers canards me rappellent que l’eau est à 9°C. Mes gants me rappellent eux que je n’ai pas de bras.
J’arrive au pic avec les épaules en feu et une jolie gauche s’offre à moi sur un plateau d’argent. Je rame et pars dessus. Je plante le rail sur mon bottom backside, je tombe comme une merde, mon leash se détache et je perds ma board qui file en souriant vers les rochers.
Je nage vers le rivage, j’ai l’impression d’être un morse gonflé d’eau. Je me fais rouler par des mousses qui se chargent de nettoyer mes sinus et l’intérieur de ma combi. Je récupère la vagabonde qui a l’air d’avoir échappé au pire.

Pas de problème, une bonne session commence toujours mal.

Je remonte au pic. Épaules qui brûlent. Bras en mousse. Souffle rauque.
Je reprends mes esprits, ça file de tous les côtés quand la série arrive. Je suis mal placé sur chacune. Les locaux connaissent le spot comme leur poche et déchirent chaque vague.
J’arrive à choper une droite, un mec me taxe.
Je laisse passer plusieurs sets et je rame à droite et à gauche l’air hagard avec la faible énergie du désespoir.

Dépité, je me décale sur un pic qui se réveille avec la marée basse. Moins de monde mais des vagues merdiques. Je prends 5 vagues d’affilée, elles ferment et je surfe mal.

Sur la dernière un de mes chaussons se tord et se déchire laissant mes orteils profiter d’une cure thermale.

Psychologiquement ça va mal. Je pense déjà au feu de cheminée et j’ai envie d’un whisky et d’une cigarette.
Une belle série arrive, je pars tard et je me fais défoncer. La déception a laissé place à la rage. L’océan se charge de me calmer, la vague suivante m’envoie taper le banc de sable dans 20cm d’eau.
Je manque de me briser la nuque et je peux entendre l’ensemble de ma colonne vertébrale craquer.

Le froid m’achève et je tremble comme un brésilien à Margaret River.
Je n’ai même pas l’ambition d’une dernière vague, je rentre avec une mousse et entame ma walk of shame jusqu’au parking.

Parfois, je déteste le surf.

Guillaume Rouan.


For better or worse.

Story of the worst session of the year.

No surfing for several weeks, 30 views of The Electric Acid Surfboard Test, a report that shines with thousand stars, a pretty easterly wind : I’m hot as hell.

I’m having trouble sleeping, I’m excited. I can already see myself throwing my best turns on this pretty Brittany swell. 

We arrive on the spot and the waves are there. So are the locals.
The peak looks crowded. Anyway, I wax my retro fish and run off to the water.

The first duck dive remind me that the water is 9°C cold. My gloves remind me that I have no arms.
I reach the peak with my shoulders on fire and a pretty left offers itself to me on a silver platter. I paddle and take off on it. I stick the rail of my bottom backside, I fall like shit, my leash comes off and I lose my board that goes smirking towards the rocks.
I swim to shore, I feel like a walrus swollen with water. I get rolled by foams that clean my sinuses and the inside of my wetsuit. I’m getting the board that seems to have escaped the worst.

No problem, a good session always starts off badly.

I’m going up to the peak. Burning shoulders. Foam arm. Rough breath.
I come to my senses, it goes all over the place when the set comes on. I’m in the wrong place on each one. The locals know the spot like the back of their hand and rip every wave apart.
I get a right, some guy drops in on me.
I let several sets pass and paddle right and left with the low energy of despair.

Disappointed, I move to a peak that wakes up with the tide falling.
Less people but shitty waves. I take five waves in a row, they close out and I surf badly.

On the last wave one of my boots twists and tears leaving my toes to enjoy a spa treatment.

Psychologically, things are not going well. I’m already thinking about the fireplace and I just want a whisky and a cigarette.
A great set is coming up, I take off late and get fucked up. Deception gave way to rage. The ocean takes care of calming me down, the next wave sends me to hit the sandbar in 20cm of water.
I almost broke my neck and I can hear my entire spine crack.

The cold finishes me off and I am shaking like a Brazilian at Margaret River.

I don’t even have the ambition of a last wave, I go home with a foam and start my walk of shame to the parking lot.

Sometimes, I hate surfing.

Guillaume Rouan.